Voulez vous un miracle?

Publié le par Miteny

On me dit que la conscience de soi est un produit de la machine biologique qu’est le cerveau. C’est à dire que d’une manière totalement objective, rationnelle, une sorte de machine très bien faite (et composé uniquement de matière brute) est capable de « créer » le sentiment d’exister, l’esprit. 

Supposons que ce soit vrai. On peut donc imaginer que dans un avenir (plus ou moins proche) un ou plusieurs informaticiens géniaux réussissent à mettre au point un système capable d’être conscient de sa propre existence. 

Ce système est composé de logiciels (qui imitent les processus cérébraux) installé sur un ordinateur très puissant, à la fois doté d’une grande mémoire vive et d’une immense mémoire morte. 

Supposons encore que je sois une de ces machines. C’est tout à fait possible, puisque, justement, le cerveau humain est semblable (selon la théorie fonctionnaliste) à un système informatique très performant. 

Supposons aussi que l’on m’est installé (pour mon confort) dans un environnement virtuel tout à fait agréable. On m’a également doté d’un corps virtuel, qui a, selon les désirs de mon programmateur, toutes les caractéristiques du corps humain. 

L’avantage, avec l’informatique, c’est que celui qui est aux commandes dispose de beaucoup plus de liberté. C’est lui en effet qui a codé tous les exécutables, mis en place tous les systèmes, les outils. Il peut faire ce qu’il veut, comme par exemple changer mon corps, le rendre plus fort, plus puissant ou au contraire lui injecter une maladie. Il peut même me rendre plus intelligent (en augmentant par exemple mes capacités à mémoriser, ou la vitesse des processeurs etc.…) ou plus idiot. 

Un jour, quelques mois après m’avoir créé (j’apprends très vite), mon programmateur me dit qu’il va me plonger dans un profond sommeil pour me changer d’environnement. Ce n’est pas un problème, puisque j’ai l’habitude de dormir (cette activité, bien que relativement inutile pour un ordinateur, a été conservé parce qu’elle est une source de plaisir). 

Après avoir stoppé l’exécution de tous mes logiciels, mon programmateur effectue des copies de sauvegarde de ma mémoire, de mes connexions, de mes exécutables sur deux autres machines, pour plus de sécurité. Puisqu’il a effectué des copies parfaites de tous ces composants, il ne juge pas utile de garder les originaux, la machine sur laquelle ils sont installés étant trop vieille, trop lente (les progrès de la technologie seront tous aussi rapides dans le futur). 

Il installe chaque copie sur une machine différente puis se demande quel « individu-ordinateur » il va réveiller. « Peu importe » se dit-il, « je vais relancer les deux, cela me fera un compagnon supplémentaire ». Ce qu’il fait. 

Il réveille donc deux consciences, parfaitement semblables, même s’ils vont sans doute se différentier avec le temps. Mais moi, qu’est ce que je deviens ? A mon réveil (orchestré par mon programmateur), je suis qui ? Pas les deux, c’est absurde.  

 

En fait, il n’existe pas de réponse rationnelle à cette question. Tout simplement parce que la conscience de soi est un miracle que la science ne pourra jamais expliquer.

 

 

 

 

 

 

Publié dans L'histoire de Marc V.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
V
J'imagine que comme dit Loïc Talmon, arrêter le processus c'est "tuer"...
Répondre
Y
tout est miracle ! <br /> un arbre, un brin d'herbe, vous, moi, la vue, les sens, la terre, tout...<br /> Essayer de produire une des choses citée sans l'aide de matière existante !<br /> impossible ! <br /> C'est pour cela que je crois en Dieu
Répondre
M
En informatique, tout processus dynamique d’écriture de la mémoire peut être suspendu puis repris. Ce n’est peut-être pas le cas en biologie, mais l’informatique a l’avantage d’offrir plus de liberté.<br /> Tu dis que figer le processus risque de le dévoyer. Pourtant ce processus peut être ralenti très fortement (phase de repos intense). Mais qu’est ce qui ne doit alors pas être arrêté ?<br /> Tu veux dire que si le programmateur arrête sa machine ne serait-ce que quelques secondes, il tue la conscience de la machine pour en faire naître une autre à la relance de l’ordinateur qui aura exactement les mêmes souvenirs, les mêmes connexions ? C'est-à-dire que d’un point de vue extérieur, ce sera exactement la même personne, mais qu’en fait ce sera quelqu’un d’autre ?<br />
Répondre
L
Le problème ne se pose pas ainsi. Qui dit actualisation permanente dit réécriture constante de la mémoire à la lumière des nouvelles données de l'environnement. Dans ce cadre, la mémoire a un aspect essentiellement dynamique, par définition non copiable (puisque cela impliquerait de figer le processus et par là de le dévoyer).
Répondre
M
Une question :<br /> Tout le travail issu de l’actualisation permanente peut-il être mis en mémoire ? (les connexions, les câblages sont enregistrés). Ce travail d’actualisation pourrait alors être suspendu puis repris ensuite.<br /> Les machines à choix sont sans doute capables d’apprendre, d’évoluer mais il est sans doute également possible de mettre en mémoire le résultat de leur travail ?<br />
Répondre