Posons le problème: première étape.
Tu as écrit : « La certitude de ton existence est une vérité première, ainsi que le montre le cogito. La certitude de l'existence d'autrui (au sens large) se déduit indirectement de l'évidence intuitive du cogito : le solipsisme et le scepticisme radical sont irréfutables en théorie mais réfutés en pratique. »
Je pense aussi qu’il y a une différence fondamentale entre la certitude de ma propre existence et celle des autres. Par exemple, il peut arriver que des rencontres, des situations soient finalement considérées comme ayant été des hallucinations soit parce que les autres les jugent comme tel, soit parce qu’elles ont effectivement été imaginés par notre esprit. Je veux simplement dire par là qu’il peut toujours y avoir un doute quant à l’existence de l’autre, des choses, mais qu’en ce qui concerne soi-même, c’est impossible.
Par conséquent j’irai jusqu’à dire que, pour moi (de mon point de vue), mon existence n’est pas de la même nature que l’existence des autres.
Par contre, d’un point de vue objectif, mon sentiment d’exister n’est pas unique, mais au contraire, affreusement banal. Ainsi, toujours de ce point de vue, il est tout à fait raisonnable de penser, à l’instar des fonctionnalistes, que le sentiment d’exister peut être le produit du cerveau, c'est-à-dire qu’il existe un « mécanisme » rationnel à l’origine de cette perception : les mêmes causes (nos cerveaux) ont les mêmes effets (sentiments d’exister). Il existe évidemment des différences entre les cerveaux, qui peuvent être importantes. Mais ce n’est pas le sujet ici. Car, globalement, la plupart des cerveaux produisent à peu près le même sentiment d’exister (tu es d’accord là-dessus me semble-t-il, puisque tu as confirmé).
Donc, d’un point de vue objectif, l’hypothèse fonctionnaliste est tout à fait recevable. Le point de vue objectif considère tout ce qu’il étudie comme des objets extérieurs, impersonnels.
Je te demande aujourd’hui sur quels points de cette analyse tu es en désaccord. Je pense sincèrement n’avoir fait ici aucun sous-entendu ontologique. J’essaie de poser le problème.